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Mordicus
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23 août 2005

Communiqué

Ainsi, le 28 juillet 2005, " toutes les unités  combattantes " de l’IRA ont été appelées à " ne plus recourir à la violence " et l’organisation s’est dite prête à collaborer à nouveau avec l’IMC (commission indépendante en charge de superviser le désarmement, dirigée par le général canadien à la retraite De Chastelain) afin que les armes restantes soient neutralisées.

Ceci est une déclaration historique. Une armée de libération nationale, invaincue, vient de déclarer qu’elle n’aurait plus recours aux armes. Ce n’est pas rien. Mais, en pratique que signifie cette déclaration, que peut-on en espérer ? Signifie-t-elle " la guerre est terminée " ? Certainement pas, la guerre, de fait, depuis le cessez le feu de 1997 était déjà terminée, une trêve durable et solide était déjà installée. Cette annonce signifie-t-elle la fin de toute violence dans les six comtés d’Irlande du Nord ? Certainement pas non plus, depuis trois mois, la région connaît un niveau de violence significativement plus élevé que dans les deux ou trois années précédentes.

Non, le communiqué de l’IRA n’a d’importance que le sens qu’il contient. Il ne s’agit pas d’une " ère nouvelle " dans laquelle entrerait l’Irlande, enfin sortie des années de tumultes et de rébellions. Il s’agit d’une déclaration politique qui était pressentie et qui méritait d’être faite, car elle confirme et vient donner du crédit à une situation déjà établie. C’est une déclaration qui préserve l’autorité de la direction de Sinn Féin. Depuis bien longtemps, celle-ci s’était résolue à mener son combat pour la réunification irlandaise par des " voies pacifiques et démocratiques ". En mai 2005, G. Adams avait lancé un appel ferme et solennel à l’IRA demandant que l’organisation paramilitaire s’engage dans cette voix " démocratique ". La réponse favorable de l’IRA, assez prévisible, fut donnée le 28 juillet. La seule difficulté était de trouver les mots justes : une forme convenable, acceptable pour les républicains, qui ne fasse en aucun cas penser à une capitulation.

Tony Blair a accueilli cette déclaration avec la plus grande joie. Ouf, s’est-il dit. La tâche n’est pas achevée mais au moins il pourra faire croire qu’il est parvenu à résoudre le conflit. Le Premier Ministre britannique a bien pris garde de ne pas jouer au vainqueur cependant :

" L’IRA a eu ses souffrances aussi, bon nombre de ses membres sont morts pour leur idéal. La meilleure chose à faire en leur mémoire à présent est de travailler à faire respecter la paix "

. a-t-il déclaré à la télévision. Evidemment, ces paroles ne l’engagent pas beaucoup. Le Royaume-Uni demeure intact et ses souverains pourront dormir en paix, ce qui est sans doute le plus important pour le pouvoir britannique. Il est peu probable que les républicains enterrés dans le " republican plot " de " Milton Cemetry " , ou leur famille, auraient été d’accord avec cette paix qui confirme l’intégralité du Royaume britannique et remet la question de la réunification irlandaise à un avenir très incertain. Mais le temps a passé, 30 années de guerre civile se sont écoulées et nous n’avons pas entendu beaucoup de voix crier trahison. Le choix fait par la direction de Sinn Féin est assez largement accepté dans le camp républicain (à l’exception de quelques groupes radicaux tels " l’IRA véritable " ou " continuity IRA ", ou quelques publications dont l’influence demeure limitée). Nul ne peut prédire comment les opinions vont évoluer dans les mois à venir, gardons nous donc de prévoir si un groupe dissident de l’IRA ne va pas s’imposer et se présenter comme le remplaçant naturel et légitime de l'’IRA.

La lutte armée menée par l’IRA provisoire pendant trente ans était une réponse aux exactions et à la répression que menaient les britanniques en Irlande. On imaginait aussi que les britanniques pouvaient être chassés par les armes afin de réaliser l’objectif principal et historique : réunifier l’Irlande et mettre fin à la situation de soumission coloniale, dans toute sa dimension : sociale, économique et en matière d'occupation militaire. Ceci n’a pas fonctionné bien que le recours à la lutte armée n’ait pas été sans effet.

. Nous comprenons le choix fait par l’IRA et Sinn Féin aujourd’hui, qui, répétons le, était en préparation depuis plusieurs années et que la déclaration du 28 juillet 2005 n’a fait qu’officialiser. Ceux-ci annoncent qu’ils sont convaincus qu’une voix pacifique est possible pour atteindre cet objectif. Solidarité Irlande a toujours soutenu et privilégié le principe d’un règlement politique du conflit. Nous appuyons donc très sincèrement les efforts déployés par l’IRA et Sinn Féin aujourd’hui pour sortir de la guerre tout en poursuivant l’objectif de réunification et d’indépendance.

Ne nous cachons pas derrière un trop grand optimisme cependant. Les difficultés et les risques sont immenses. Sur le plan politique bien sûr : un enlisement, un refus des unionistes de siéger en compagnie des républicains dans les institutions seraient des menaces pour cette paix fragile. Les risques de reprise de la violence à grande échelle sont tout autant réels : on a vu ces derniers mois une aggravation et une multiplication des actes sectaires. Ceci est un réel problème pour lequel aucune solution n’est disponible actuellement.

Restons donc attentifs aux développements à venir et, en l’attente de rebondissements qui pourraient produire une nouvelle situation, soutenons les efforts déployés pour une paix durable dans une Irlande indépendante de la puissance coloniale britannique et débarrassée de divisions sectaires.

Solidarité Irlande le 23/08/2005

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