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Mordicus
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21 août 2005

FEERIE BERRICHONNE

En raison de notre position géographique, nous connaissons les fées, en Berry, sous la plupart des noms qu'elles portent partout ailleurs en France. Vers le midi du département de l'Indre, sur toute la ligne frontière qui court de l'est à l'ouest, et qui sépare, dans cette région, la langue d'oïl de la langue d'oc, on les appelle Fades, Fadées, Martes ou Marses ; ailleurs on les nomme Dames, Demoiselles.
On leur attribue, comme partout, des qualités bonnes ou mauvaises ; mais, le plus communément, la malignité et la malfaisance forment le fond de leur caractère, et, dans tous les cas, on leur accorde une grande adresse, d'où la locution proverbiale : Adroite comme une fée.
Nos fées n'eurent pas toujours une aussi mauvaise réputation, car elles furent tour à tour les Nymphes des Grecs et des Romains, les Korrigans, les Sighes des nations gaéliques, les Nornes, les Walkiries des scandinaves, les Jinns des Arabes et les Péris de l'Orient.
Mais, en vertu de cette vieille loi qui veut que les dieux de toute religion vaincue ne soient plus regardés que comme des démons, le christianisme arracha les fées de leur Olympe et en peupla son enfer. Toutefois, le Moyen Age n'en montra pas moins pour elles un faible tout particulier, et il en fut bien récompensé, car il leur doit ses plus aimables et ses plus poétiques fictions.
C'est principalement dans les parties les plus abruptes, les plus accidentées de notre pays, sur les bords escarpés et rocheux de la Creuse, de l'Anglin, du Portefeuille et de la Bouzanne, que le souvenir de ces êtres fantastiques s'est le mieux conservé. Les fées se plaisent surtout à errer parmi les nombreux monuments druidiques dont ces régions sont hérissées. Là, chaque grotte, chaque rocher, un peu remarquable, a sa légende. C'est aux abords de ces antres, autour de ces menhirs, sur ces dolmens, que quelques-uns de nos paysans continuent d'accomplir en secret certains rites mystérieux, restes confus d'anciens cultes, aussi persistants, aussi indestructibles que les masses de granit qui, depuis trente siècles, en sont les monuments. Où se dressent encore les vieux autels, là sont toujours présentes les vieilles divinités.
Ce culte des pierres a laissé de telles traces dans l'esprit de quelques-uns de nos villageois, que nous avons connu une brave femme qui, lorsqu'elle voyageait sur une route, ne manquait jamais de faire le signe de la croix toutes les fois qu'elle passait devant un de ces monolithes qui divisent en kilomètres nos grandes voies de communication.
Plusieurs de nos rocs celtiques portent les noms de Pierre-folle, Pierre à la Marte ; ce qui ne veut pas dire autre chose que Pierre-fée, Pierre à la Fée.
Les moyens mis en oeuvre pour transporter et ériger les plus grands de ces monolithes - il en existe un à Locmariaker, en Bretagne, qui a vingt et un mètres de long et qui pèse un poids considérable - sont aujourd'hui connus ; l'explication s'en trouve dans les bas-reliefs de Ninive, où l'on voit, dit Henri Martin, une masse non moins énorme avancer, tirée à bras d'hommes, sur une espèce de radeau roulant, puis dressée avec des machines.
on sait aussi pourquoi nos pères ne cherchaient pas même à dégrossir ces pierres consacrées : c'était par suite d'un préjugé religieux et traditionnel qui remonte aux premiers âges du monde et qui paraît avoir été généralement accepté par les sociétés alors existantes, puisque l'on rencontre de ces sortes de monuments sur presque tous les points du globe. Dans ces temps primitifs, les pierres que l'on destinait à l'édification des monuments religieux étaient regardées comme plus pures lorsque le ciseau ne les avait pas touchées. C'est pourquoi l'Ecriture recommande, en maint endroit, de n'employer dans la construction des autels du Seigneur que des pierres non taillées : " Que si tu me dresses un autel, dit l'Eternel lui-même, tu ne le tailleras pas, car tu le souillerais si tu en approchais le fer. " On réprouvait, alors, en une foule de circonstances, l'emploi du fer.
Dans la commune de Saint-Benoît-du-Sault, au pied du coteau que couronnent les tourelles du château de Montgarnaud, se trouve une profonde ravine dont le lit et les bords sont encombrés de roches immenses aux formes tourmentées et fantastiques et entre lesquelles bondissent les bruyantes cascades du Portefeuille. On assure qu'en ce lieu pittoresque il existe toute une peuplade de fées et que leurs voix, étrangement accentuées, se mêlent, pendant les nuits d'orage, aux voix mugissantes du torrent. Leur principale demeure, que l'on appelle l'Aire aux Martes, est un vrai palais de cristal, puisqu'elle est située sous les billants arceaux de la cascade.
Les Martes de Montgarnaud ont une tenue et des habitudes tout à fait excentriques. Au dire des gens de l'endroit, ce sont, en général, de grandes femmes maigres, tannées et débraillées comme des bohèmes. Leurs longs cheveux, noirs et roides, tombent d'un seul jet jusque sur leurs talons ; leurs mamelles, presque aussi longues, leur battent les genoux. C'est en cet état, et perchées sur quelque monticule, sur la table d'un dolmen ou sur la crête d'un peulvan, qu'elles apparaissent parfois au laboureur qui travaille dans la plaine, au berger qui paît ses brebis au penchant des coteaux. Si ces braves gens ne répondent point aux appels effrontés qu'elles leur adressent, elles rejettent aussitôt leurs mamelles par-dessus leurs épaules, et, s'élançant à leur poursuite, les forcent d'abandonner et charrue et troupeau.
Les Martes ont pour voisins des espèces de géants, connus également dans le pays sous le nom de Martes ou Marses. La tradition ne dit point quelle parenté, quelle alliance, quelles relations peuvent exister entre les Martes femelles et les Martes mâles. Quoi qu'il en soit, la force de ces derniers tient du prodige. Ce sont eux qui, en se jouant, ont apporté et mis debout tous les dolmens, menhirs et cromlekhs de la contrée.
On raconte, à ce sujet, que, tandis que cinq de ces géants procédaient à l'érection des piliers du dolmen de Montborneau, situé dans le voisinage, l'un d'entre eux, trop confiant en ses forces, se vanta d'enlever, seul, à bout de bras, et de poser sur les supports la pierre immense qui sert de plate-forme au monument, Quand ce fut au fait et au prendre, non seulement il ne put en venir à bout, mais, après avoir réclamé l'aide de ses quatre compagnons, il ne parvint pas même à élever le côté dont il s'était chargé aussi haut que les autres, et sa forfanterie lui valut une rupture de reins et les railleries de ses camarades. Ainsi s'explique la déclivité que l'on remarque dans le niveau de la table du dolmen de Montborneau.
Le terme fade, par lequel nous désignons quelques-unes de nos fées, appartient à la langue d'oc, il vient du latin fata et ne signifie pas autre chose que fée. Près du bourg de Chambon-Sainte-Croix dans la Creuse, existe lou daro de la Fadée (le rocher de la Fée), qui est le sujet de plusieurs merveilleuses histoires. Entre autres, on raconte que la reine des Fades, ayant à se plaindre des habitants de cette localité, fit tarir des sources thermales qui, jadis, sortaient de ce rocher, et les fit jaillir à trois lieues plus loin, près de la ville d'Evaux qui, à partir de ce moment, dut à ces eaux bienfaisantes toute sa prospérité. Pour cela faire, la fée n'eut qu'à frapper le granit de son pied droit, dont lou daro de la Fadée a gardé et gardera éternellement l'ineffaçable empreinte.
Nos Fades habitent de préférence les campagnes qu'arrosent, dans le canton de Sainte-Sévère, quelques-uns des petits affluents de l'Indre. Elles ont des moeurs et des goûts bien différents de ceux des Martes. D'humeur douce et paisible, elles aiment les occupations champêtres et affectionnent la vie pastorale.
La paroisse de Notre-Dame-de-Pouligny a conservé le souvenir de l'une de ces fées qui faisait sa résidence dans une grotte voisine, connue sous le nom de Trou aux Fades, et qui consacrait tous ses instants, tous ses soins, aux brebis du domaine du Bos. Tous les jours, elle les conduisait aux champs et les ramenait au bercail. Les gens de la ferme en étaient venus à ne plus s'occuper de ces animaux. A quoi bon ? Grâce à la Fade, le troupeau croissait et multipliait que c'était une bénédiction. Quand venait la saison du part, chaque brebis mettais bas au moins deux agneaux ; quand arrivaient les tondailles, chaque toison pesait au moins dix livres, et lorsque cette laine était filée, un ne pouvait guère la comparer, pour la finesse et pour la blancheur, qu'à ces fils si déliés que la sainte Vierge ou la Bonne-Ange laisse tomber de sa quenouille, en traversant les cieux par les beaux jours d'automne (Le mot ange est toujours féminin dans la bouche de nos paysans. Ils appellent aussi la Vierge la sainte Ange).
Mais le cours de ces prospérités, qui duraient depuis des siècles, fut subitement et pour jamais interrompu par un événement aussi imprévu qu'extraordinaire. Une veille de Noël, que la métayère du Bos était allée à la messe de minuit de Pouligny-Notre-Dame, elle s'approcha, à son retour, du berceau où elle avait laissé endormi le plus jeune de ses enfants, qu'elle allaitait encore, et qui était beau comme le jour. Elle venait de se pencher pour lui donner le sein, lorsque tout à coup elle se releva en poussant un grand cri que lui arracha une horrible morsure. On apporte aussitôt la lumière, et l'on voit dans les langes du berceau, à la place du bel enfant rose et potelé que la pauvre mère y avait déposé, un petit être velu, malingre et criard, tout disposé à sauter à la figure du premier qui osera l'approcher.
L'histoire s'arrête là ; elle ne dit point ce que devint ce petit monstre ; elle se tait également sur la destinée du fils de la métayère ; mais la Fade ayant cessé, à partir de cette aventure, de hanter le domaine du Bos, tout le monde l'accusa et l'accuse encore, dans le pays, de cette substitution d'enfant.
Passons à nos Dames, ou Bonnes-Dames, et à nos Demoiselles.
Les fées, au Moyen Age, étaient fréquemment désignées par ces trois dénominations. On les appelle encore ainsi en plusieurs de nos provinces, comme en Normandie, dans le Jura, la Meuse... Ce sont les Doumayselas (les Demoiselles) qui ont creusé toutes les grottes merveilleuses du Languedoc et du Vivarais. On admire surtout la célèbre Baume des Demoiselles, située près de Saint-Bauzille, dans l'Hérault. Cette appellation doit nous faire souvenir que les Grecs donnent aux Nymphes qui hantent les solitudes le nom de bonnes Demoiselles (Nagarides), et que les inscriptions latines qualifient quelquefois les Fata de sacrae virgines.
Jeanne d'Arc, interrogée pendant son procès sur les relations qu'on l'accusait d'avoir eues avec les fées, répondit à ses juges : " Que assez près de Domremy, il y avait un arbre qui s'appelait l'arbre des Dames.., qu'elle avait ouï dire à plusieurs anciens, non pas de son lignage, que les fées y repairaient (s'y rencontraient, de reperire) ; mais que pour elle, elle ne vit jamais fée, qu'elle sache, à l'arbre ni ailleurs. "
Observons de plus que notre mot dames répond à celui de matronae, qui, chez les Latins, servait à désigner leurs fata.
Les Dames ou Bonnes-Dames et les Demoiselles diffèrent peu, au fond, des Fades, si tant est qu'elles en diffèrent. Elles semblent particulièrement fréquenter les pays de plaine, se plaire sous l'ombrage des vieux chênes, sur le vert gazon des prairies, aux frais abords des fontaines. Beaucoup d'héritages, dans les campagnes du Berry, portent les noms de pré à la Dame, champ de la Dame... Un acte de 1169 mentionne une fontaine à la Dame située près de Longefont (Indre) ; enfin, on trouve, en Brenne, l'Effe à la Dame, c'est-à-dire l'Etang à la Fée, ce qui nous rappelle que chez les Poitevins, on parle beaucoup de la Dame de l'étier ou de la Fée de l'étang.
Remarquons, à propos de ces trois dernières appellations, que le mot dame sert à désigner l'ondine, le génie élémentaire qui habite la fontaine et les étangs dont nous venons de parler.
Dans la paroisse des Lacs, quelques vieilles fileuses parlent encore de la Dame de la Font-Chancela, qui avait coutume de prendre ses ébats, par les beaux clairs de lune, dans un pré qui avoisine la fontaine de ce nom, et qui, pour cette raison, est toujours appelé le Pré à la Dame. La Dame de la Font-Chancela, au dire de ces mêmes personnes, était douée d'une incomparable beauté. Un seigneur des environs, qui en était tombé et qui en resta toute sa vie éperdument amoureux, parvint plusieurs fois à l'enlever ; mais à peine l'eut-il placée sur son cheval, pour l'emporter à son manoir, qu'elle lui fondit entre les bras et lui laissa par tout le corps une impression de froid si profonde et si persistante, que toute flamme amoureuse s'éteignit à l'instant dans son coeur, et qu'il en eut pour plus d'une année avant de songer à un nouvel enlèvement.
Comme toutes les prudes, la Dame de la Font-Chancela est d'une extrême susceptibilité. Si jamais le hasard vous conduit près de sa source glacée, par une chaude journée de canicule, et que l'envie vous prenne de vous y désaltérer, gardez-vous bien de vous récrier sur la trop grande fraîcheur de son onde, car, à l'instant même, vous perdriez la parole et seriez condamné à aboyer tout le reste de vos jours. Au reste, il s'est passé et il se passe encore, aux entours de cette fontaine, tant de choses extraordinaires ; le jour comme la nuit, ses approches sont semées de tant de surprises, de tant de pièges diaboliques qu'un chemin public, qui autrefois l'avoisinait, a été depuis longtemps complètement abandonné.
Sur le vaste plateau de nature calcaire qui domine, au sud-est, la partie de l'étroit vallon de l'Igneraie, où verdoie le Pré à la Dame et où s'épanche la Font-Chancela, s'étend une vaste plaine nue et pierreuse, connue dans les environs sous le nom de Chaumoi de Montlevic (un chaumoi est une grande étendue, en plaine, de terres labourables, où l'on ne voit ni fosses ni buissons). Ces champs, tristes et déserts, sont peuplés, durant la nuit, d'apparitions bien étranges.
il n'est pas rare que le passant attardé y rencontre des châsses (cercueils) garnies de tout leur luminaire et placées en travers sur sa route. En cette occurrence, ce qu'il a de mieux à faire, c'est, après s'être signé, et avoir débité tout ce qu'il sait de prières, de déranger pieusement la châsse, de passer, et de ne pas s'étonner si, en remettant respectueusement à sa place le cercueil, il en entend sortir ces mots, prononcés d'une voix nécessairement sépulcrale : A la bonne heure ! L'imprudent auquel il semblerait plus expéditif de sauter par-dessus la châsse serait sûr de ne jamais retrouver son chemin. Au reste, l'herbe d'engaire, ou l'herbe qui égare, croît, assure-t-on, dans le Chaumoi de Montlevic.
Certaines nuits, c'est une croix d'un rouge sanglant qui luit tout à coup dans l'ombre, s'attache aux pas du voyageur et lui fait escorte tant qu'il n'est pas sorti de cette région mystérieuse.
Une autre apparition non moins lugubre, mais qui, assure-t-on, ne se manifeste qu'aux protégés de saint Martin (les meuniers), lorsqu'il leur arrive de traverser ces mornes solitudes à minuit, est celle-ci : Deux longues files de grands fantômes, à genoux, la torche au poing et revêtus de sacs enfarinés, surgissent soudainement à droite et à gauche du sentier que suit le passant, et l'accompagnent silencieusement jusqu'aux dernières limites de la plaine, en cheminant à ses côtés, toujours à genoux, et en lui jetant sans cesse au visage une farine âcre et caustique. - Les riverains de l'Igneraie prétendent que ces blancs fantômes sont tout simplement les âmes pénitentes de tous les meuniers malversants qui, à dater de l'invention des moulins, ont exercé leur industrie sur les bords de cette petite rivière.
Quelquefois enfin, ce sont des spectres plaintifs qui vont errant çà et là, à travers ces lieux solitaires, en portant dans leurs bras une pierre énorme et en criant sans relâche d'une voix haletante : " Où la mettrai-je, la borne ?... Où la mettrai-je, la borne ?... " Généralement, on tient pour certain que ces espèces de Sisyphes ne sont autre chose que les ombres de malheureux qui, pendant leur séjour ici-bas, ont déplacé les bornes des champs de leurs voisins, afin de leur voler quelques toises de terre, et l'on affirme que, pour mettre fin à leur supplice, lorsqu'on les trouve sur son chemin, il suffit de répondre ...à leur question: " Mets-là où tu l'as prise ! "
Mais revenons à nos fées. On affirme qu'il est des jours où les fées ont plus de puissance que dans d'autres. On signale spécialement le 1er mai. C'est la nuit de ce jour-là, surtout, qu'elles choisissent pour rousiner, c'est-à-dire pour balayer, avec les bords traînant de leurs longues robes blanches la rosée des prairies qu'elles veulent rendre stériles. On assure aussi qu'elles ont le pouvoir de nuire aux moissons et aux vendanges, par le seul effet de leur souffle ; mais les villageois, qui connaissent parfaitement ces époques critiques, ont soin, lorsqu'elles arrivent, d'allumer de grands feux dans les champs et de les parcourir en fouettant l'air avec de longues gaules et en tirant force coups de fusil ; cela suffit pour tenir à distance tout être malfaisant.
Hâtons-nous de dire que toutes les fées n'ont point cette fatale influence. Quelques-unes d'entre elles répandent, au contraire, la fertilité et l'abondance sur les lieux qu'elles fréquentent. Il est aisé de reconnaître, dans nos prés et dans nos pâturages, le théâtre accoutumé de leurs jeux et de leurs danses. Leurs promenades favorites, l'aire où elles aiment à s'abandonner aux tourbillons de leurs farandoles échevelées, sont indiquées par de capricieux méandres et des orbes réguliers que tapisse toujours le gazon le plus frais et le plus riche, et où souvent croît spontanément l'humble et odorant mousseron, ce rival modeste, mais apprécié, de la truffe aristocratique.
Il est important de remarquer que les cercles mystérieux que forment les pas des fées, dans leurs rondes nocturnes, passent en beaucoup d'endroits pour des asiles inviolables toutes les fois que, sous le coup d'un danger quelconque, tel que poursuite de bêtes malfaisantes, embûches et attaques de Georgeon et de ses suppôts, on est à portée de s'y réfugier

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